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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 10:32

" Si tu veux aller vite, marche seul ; si tu veux aller loin, marche en groupe ". Proverbe Africain

  

http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/ 

P1060938

  

Nous rappelons à nos lecteurs que depuis les lois de décentralisation de 1982, le maire signe les permis de construire. C'est lui qui encourage les documents attraits à l'urbanisme (PLU - Plan Local d'Urbanisme), libère les parcelles et les terrains constructibles, "pense" le développement territorial de la commune et, reprenant à son compte la maxime pince-sans-rire de Pierre Boulez, déroge à sa guise ses propres règlements.

 

Par ailleurs, si le Bon Sauveur est effectivement un lieu privé, il y a certaines contraintes voire des exigences, imposées, entre autres instances, par l'ABF (Association nationale des architectes des bâtiments de France) que ses propriétaires ne peuvent ignorer. NDLR

 

 (Photos : Marie-Noëlle Duros & Philippe Cléris, membres du collectif Bienvenue En Normandie.)

  

 

 

Revenons à l'essentiel... (par Philippe CLERIS)

 

En mars 2006 la CRPS (commission régionale patrimoine et site) délibère sur un classement du site à la demande de la municipalité d'alors : est alors proposé le classement de la chapelle, de la flèche de la façade néo-gothique et du promenoir (cloître) avec ses deux galeries et son jardin.

 

C'est la mère supérieure de la congrégation des filles du Bon Sauveur, inquiète de la marge de manoeuvre à laisser au groupe Eiffage qui exige que ce périmètre de classement trop large soit reconsidéré : la congrégation souhaite vendre au plus offrant et au plus vite... Le directeur de la DRAC de l'époque pensait quant à lui que cet élément non exceptionnel du patrimoine ne méritait pas une protection puisqu'il manquait d'intégrité (deux galeries subsistantes au lieu des trois : l'une d'entre elles a, en effet disparu, lorsque la cour de récréation du lycée Jeanne d'Arc avait été créée sur le site...

 

Ces éléments ont donc pesé lourds dans la décision finale de classement de 2006, décision, a minima qui a consisté à classer Monument Historique la chapelle (intérieur et extérieur) la flèche et la façade néo-gothique: le cloître était donc sacrifié...

 

Un premier permis de construire était déposé en 2007 et le projet a eu beaucoup d'évolution dès lors que la contrainte de préserver le cloître et son jardin a été levée : c'est vers un véritable "curetage" du site et à son optimisation marchande que le projet semble vouloir aller au nom de la construction d'un "nouveau morceau de ville" et de la réintégration de la "cité interdite" de l'ancien Hopital Psychiatrique du Bon Sauveur dans la normalité urbaine : une normalité banalisée, standardisée, médiocrement stimulée par les seuls enjeux mercantiles de payer moins d'impôts en acceptant des locataires (loi Scellier dont les avantages seront réduits sérieusement en septembre prochain : les promoteurs s'excitent et veulent aller vite)

 

Seules concessions arrachées à l'appétit d'Eiffage (qui porte bien son nom !) la conservation de quelques alignements d'arbres et la transformation en porche d'entrée du bâtiment jouxtant l'enclos de l'église St Ouen alors qu'il devait être abattu...

P1060935.jpeg

 

C'est un véritable bombardement qui se prépare sur la parcelle de l'ancien HP cédé par la congrégation des Filles du Bon Sauveur au groupe Eiffage : outre le cloître et son jardin, disparaissent les bâtiments de la cour d'entrée donnant sur la rue Caponière, le grand bâtiment situé au fond à gauche de la place Villers (derrière le mur) avec une jolie série d'arcades en pierres taillées, le bâtiment en aile de retour de la première chapelle du site et qui appartient aujourd'hui à la DRAC : ça ne s'invente pas ! Eiffage va même démolir une partie de la Cour intérieure de la DRAC avec la contrainte de reconstruire un immeuble neuf pastichant la continuité architecturale de la cour... Sont démolis aussi les bâtiments du flanc nord de la chapelle avec leurs cours intérieures et le cloître 1950 en pierre de Caen intégré à la chapelle d'Après-Guerre servira de hall d'entrée du nouveau pâté indigeste pondu par les ordinateurs du "cabinet" (mot polysémique : soulagez vous !) de l'architecte Bienvenu (sans "e")

 

La dimension mémorielle (mémoire de la folie et mémoire des réfugiés de la Bataille de Caen) est bafouée : ce lieu est un lieu courageux et un lieu majeur de la mémoire caennaise : le bombardement va-t-il continuer?

 

J'ai écrit à Fatoumi et Lamoureux, ainsi qu'à l'administrateur du Centre Chorégraphique National de Caen Basse Normandie pour les sensibiliser sur le sort que l'on réserve à leur futur écrin voire pour leur demander s'ils accepteraient qu'une assemblée générale des co-propriétaires de la future résidence les "jardins de Tartempion avec bals cons" décide finalement de leur travail !

 

Car, il faut le savoir, la transformation du Bon Sauveur en "résidence des jardins du Carel" avec digicodes, bals-cons surplombants, parking au pied des immeubles et en dessous, immeubles trop hauts ou trop près, circulation "douce" (avec une bite qui monte et qui descend...) avec la dégradation d'un vrai jardin avec vrais grands arbres (cèdres) en un carré d'espace vert dont on ne sait pas s'il s'agira d'un cache sexe privé, ou public ou les deux à la fois, bref ! s'oppose concrètement et idéologiquement à ce que la chapelle du Bon Sauveur soit l'écrin de la danse contemporaine à Caen: à défaut de jardin et de promenoir, nos chorégraphes devront travailler pour des balcons... CONSTERNANT !

 

                                                                     Philippe Cléris

 

 (Re)lire http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/article-6-juin-2010-le-bombardement-de-caen-se-poursuit-51718805.html

 http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/ 

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commentaires

C
<br /> Pour ma part, je suis outrée. En effet, il est important de signaler que les balcons des appartements , ont pour la majorité, vu sur les jardins des patients de l'Hopital Psychiatrique.<br /> <br /> <br /> et dire que les brochures disent : résidence située au coeur d'un centre de repos...<br />
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L
<br /> Affaire à suivre. Il est évident que certains ne lâcheront pas le morceau.<br /> <br /> <br />
P
<br /> Je partage l'inquiétude exprimée par Gilles DETERVILLE: l'enjeu c'est la privatisation des 3500 mètres carrés du jardin avec son promenoir et ses quelques 40 exceptionnelles colonnes en bois alors<br /> que l'emprise du Bon Sauveur doit officiellement devenir un "nouveau morceau de ville"!<br /> <br /> Une ville sans espaces publics n'est pas une ville!<br /> <br /> L'âme de ces lieux héroïques et courageux (la maladie mentale, la spiritualité religieuse et la solidarité des réfugiés de la Bataille de 1944) doit être respectée: c'est toute la qualité<br /> territoriale du site qui en dépend tout comme en 1944 c'était à cause de la présence d'une croix rouge sang au centre de ce jardin que l'ensemble du quartier, rue Caponière comprise aura pu être<br /> épargné des bombes...<br /> <br /> Il y a 60 ans, les pilotes de la RAF étaient plus humains que les portes cravates endeuillés du groupe EIFFAGE!<br /> <br /> L'enjeu désormais est d'obtenir par voie judiciaire un référé suspensif des travaux de démolition programmés d'ici la fin de ce mois et d'attaquer au tribunal administratif la validité plus que<br /> douteuse des permis de démolir et de construire: le projet proposé est tellement nul que cette perspective semble presque nécessaire...<br /> <br /> Les citoyens vont donc aller au charbon, prendre des risques au tribunal face à un Goliath qui n'a strictement rien à faire de la dimension historique ou mémorielle des lieux et obtenir ce que les<br /> élus ont été, pour toutes les bonnes raisons du monde, incapables d'obtenir:<br /> <br /> un arrêt du projet actuel pour se donner enfin le temps de la réflexion et améliorer sensiblement les choses!<br /> <br /> La réhabilitation exemplaire de l'ancien hôpital RICHAUD de Versailles qui a vu une municipalité travailler la main dans la main avec un collectif de citoyens riverains un promoteur immobilier (le<br /> Groupe OGIC) et un vrai cabinet d'architectes (Willemotte et associés) démontre que l'on peut faire autrement si l'on s'en donne la peine<br /> <br /> Il ne s'agit pas uniquement de gérer des contraintes avec le risque de se compromettre avec l'interlocuteur qui vous livre la "solution clef en main" (généralement le promoteur immobilier) mais<br /> d'être véritablement un maître d'ouvrage public pour créer de la ville avec tous les partenaires et l'intérêt général comme seule perspective:<br /> <br /> en d'autres termes, on appelle ça :<br /> <br /> la REPUBLIQUE<br /> <br /> à méditer ce mercredi en lisant le Canard Enchaîné...<br /> Répondre au commentaire<br /> <br /> <br />
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