"Les villes sont la nature façonnée par l'homme, à son image et à sa ressemblance." Jacques Godbout
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Pour beaucoup, la rentrée aura été difficile ! La faute aux impôts fonciers et taxes d'habitation prédestinés à financer, entre autres, les Elus de l'Agglo qui se sont royalement octroyés + 35 % d'augmentation ! En période de crise, ça fait doucettement rigoler. Et les bonnes vaches (normandes) à lait que nous sommes sont bien utiles pour extirper le peu de sous qui restent dans poches, tirelires, et comptes en banque ! Le quotidien des Caennais s'est-il amélioré pour autant ? Que nenni !
D'année en année, lentement mais sûrement, c'est une attirance vers le bas qui prédomine dans la "Capitale Régionale", expression ronflante lancée par quelque pécore surexcité(e), à l'idée qu'un jour il (elle) (re)deviendra Calife à la place du Calife... pardon, "Député-Maire-Président-Adjoint-à-la-Culture-Chef-touche-à-tout-je-me-mêle-de-tout-en-même-temps-partout", en lieu et place du "Député-Maire-Président-Adjoint-à-la-Culture-Chef-touche-à-tout-je-me-mêle-de-tout-en-même-temps-partout" alias Philippe Duron.
Parlons de Culture. Une véritable Bérésina ! Anéantie la Parade "A Caen la Paix", pour soi-disant "y réfléchir" . On ne peut pas "y réfléchir" pendant que ça existe déjà ? Malmené Nördik Impact, avec l'impression qu'il n'y avait pas autant de godelureaux que les années précédentes... Affadies "Les Boréales *", l'un des SEULS festivals (avec Nördik Impact) dont Caen pouvait, jusqu'à cette année, être fière.
L'on nous rétorquera : "les Boréales *, c'est la Région !" Certes. Seulement... qui donc était à la Région avant de se glisser dans la peau d'un Député-Maire-Président etc. etc. ? Et ce dernier de tirer des plans sur la comète pour les 30 ou 50 ans à venir, (d'ici là, les poules auront éventuellement des dents, et les footballeurs peut-être un cerveau, mais ça c'est nettement moins évident), plutôt que d'entretenir et développer ce qui a le mérite d'exister à ce jour, de laisser libre cours à l'extraordinaire vivier intellectuel abondant d'idées, d'énergie, de vitalité, mais qui, las, s'expatrie, faute de reconnaissance et d'encouragement. Nous en avons pris l'habitude, la précédente Municipalité ne faisait pas mieux. De plus, elle avait ses têtes.
Quelques coupes sombres dans les subventions, et les associations de se retrouver au bord du gouffre, les troupes de théâtre "amateur" de naviguer en eaux troubles, (Espace Puzzle), la danse de flageoler sur ses planches, peu ou presque pas d'animations musicales.
Pourtant, ce ne sont ni les répertoires ni les phalanges intra-muros qui font défaut : Orchestre Symphonique du Théâtre, (qui ne sort jamais de ses murs, a contrario de Lille, Toulouse et ailleurs), Harmonie la Fraternelle, (très peu de concerts et d'animations dans le cadre d'évènements, festifs, sportifs et autres), Orchestre régional Basse-Normandie, (qui commence - timidement - à se dérider), les Arts Florissants, animés par William Christie, (incapable de faire la promotion de Caen - sa généreuse créancière - lorsqu'il est en tournée), la Maîtrise, l'Orchestre du Conservatoire etc.
Qu'avons-nous en échange ? Concerts ou productions d'Opéra planplans, classiques, gentillets. De surcroît, il manque une véritable salle de concerts. Aussi, ce n'est pas demain que les caennais apprécieront leurs propres musiciens ou les prestigieux Orchestres et Chefs de cette planète.
En regard de ceci, Notre "Multiplénipotentiaire" Maire nous impose une de ses lubies, et non des moindres. Dispendieuse, corrompue d'avance : l'implantation d'un Pôle d'Art Contemporain "façon Fondation Guggenheim de Bilbao", sur l'ancien site de la SMN à Colombelles... chamboulé en un quartier dévolu au tertiaire, déserté le soir, et ravitaillé par les corbeaux. Ridicule ! Il existe un exemple de ce type avec le FRAC (Fonds Régional d'Art Contemporain). Situé au fin fond du parc de l'Abbaye aux Dames, à l'abri des regards, à l'écart des transports, seuls les initiés hantent son rez-de-chaussée, son premier étage, et sa bibliothèque consultable sur place.
En ce qui concerne le futur Pôle d'Art Contemporain, pour l'heure, nous ne possédons ni créateurs, ni collections capables d'attirer le grand public, ni budget et/ou mécène. Et si tel était le cas, il semblerait plus opportun de domicilier l'orgueilleux projet du côté de la presqu'île à l'accès plus aisé ; opportun et judicieux, puisque l'Ecole des Beaux-Arts, le Cargö, et la future Bibliothèque Médiathèque à Vocation Régionale, "favoriseraient de fructueuses synergies", comme le souligne avec justesse Eric Eydoux, ancien Maire-Adjoint à la Culture.
Paradoxe. Un jour, la ville affiche des prétentions immodérées, le lendemain elle joue les timorées. Elle s'effraye devant la moindre transgression, se méfie de ce qui est inédit, inouï. Plus grave, elle tend à un asservissement maladif envers Paris et ses jacobins.
Avec obstination, elle se complaît dans son passé. Guillaume le Conquérant et François de Malherbe mis à part, elle revendique rarement ses autres enfants illustres - originaires ou adoptifs. Qui connaît, à part les érudits, Jacques de Cahaigne, Jean Régnault de Segrais, Pierre de Varignon, Daniel François Esprit Auber, George Bryan Brummel, Eugène Poubelle, Marie-Pierre Koenig, et aujourd'hui, Yvan Messac, Catherine Rihoit, Christophe Coin, Eric Tanguy, pour ne citer que ceux-là ?
Redevenons prosaïques. Les transports en commun sont largement en deçà des besoins vitaux des habitants, c'est incontestable. Quant au port de plaisance, il ne demande qu'à être développé grâce aux nouveaux bassins du nord-est. Il est impératif de relier le centre de Caen... la Mer au Port de Ouistreham, en réhabilitant la voie ferrée qui longe le canal par un VRAI tramway cadencé toutes les quinze minutes. Ainsi, ce même centre serait également à portée... de celui du Havre (sans oublier Honfleur, devenu son satellite) par des liaisons maritimes expresses. Dorénavant, quand entre deux petits fours, nos politiques évoqueront Normandie-Métropole (Caen-Le Havre-Rouen), au moins, y aura-t-il deux villes sur trois d'effectives.
L'acuité de la ville dans son regard architectural, dans sa vision urbanistique, est sous-évaluée : ruelles, passages, impasses, placettes, façades, berges de l'Orne, sont dépréciés, voire méprisés. La Reconstruction plutôt réussie, exemplaire - à quelques dommageables exceptions près - attend que, légitimement, on la nomine aux prestigieux patrimoine mondial de l'UNESCO. (Université, Eglises, bâtiments administratifs, Poste centrale, ancienne CCI, immeubles d'habitations de l'hypercentre, etc.)
Alors ? Alors rien. Tant que carriéristes, opportunistes, arrivistes, affairistes... et défaitistes ( de tous bords ) seront aux commandes du paquebot caennais, confusion, frustration et exaspération règneront sans partage.
Luc de Normandie, Germain de Colandon
* Décidément, à l'instar du Salon du Livre 2009, ou de la Foire Internationale, la municipalité aime bien trafiquer les chiffres ! 50 000 visiteurs "estimés" pour les Boréales cette année... alors que de l'avis général, 2009 est plutôt un très mauvais crû.
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En partant du haut vers le bas : photos 2,5, aimablement prêtées par Germain de Colandon
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