LETTRE OUVERTE DE QUELQUES PRECAIRES AUX CONSEILLERS DE PÔLE EMPLOI Bonjour, Nous sommes chômeurs, RSAstes, travailleurs précaires, étudiants, qui entre autres activités socialement reconnues ou pas, animons le Mouvement des Chômeurs et Précaires de RENNES. Nous avons constitué ce collectif il y a près d'un an déjà, ne voulant plus subir la sollicitude d'un gouvernement qui n'a aucunement pour but d'améliorer notre situation, mais bien plutôt de renforcer son emprise sur la « main d'œuvre à problème » que nous sommes à ses yeux. Nous ne nous faisons pas d'illusion quant à ses intentions. Nous savons bien qu'un chômage de masse et une précarité en cours de généralisation sont une aubaine pour nos dirigeants : pression à la baisse sur les salaires, épouvantail de la misère, contournement des droits sociaux... Mais le pouvoir, forcément fragilisé par la crise et l'impopularité de ses « réformes », a besoin d'alimenter la figure du CHÔMEUR FAINEANT, s'appuyant et encourageant le RACISME SOCIAL ordinaire et désignant à la vindicte populaire des « PARASITES » à rééduquer ou à éliminer. Désigner un bouc émissaire lui est nécessaire pour entretenir son alliance avec les classes privilégiées, acheter la passivité des classes moyennes, continuer à diviser les classes pauvres. Nous autres « parasites », comme tout un chacun, nous formons, consommons, réfléchissons, communiquons, nous salarions, faisons valoir nos compétences, montons des projets. Nous sommes sans cesse en rapport avec des institutions formelles et informelles de cette société. Bref, nous sommes « insérés » et productifs, nous participons à cette même machine qui nous traite de parasites et d'improductifs. En fait, nous ne sommes pas attaqués pour notre supposée paresse, mais parce que nous incarnons aux yeux du pouvoir une capacité de REFUS et d'INSOUMISSION existant de manière diffuse dans toute la société et qui, si elle s'assumait sans réserve et se coordonnait, constituerait pour lui une véritable menace. Car, bien que productifs, nous n'acceptons pas n'importe quel travail, dans n'importe quelles conditions, pour n'importe quel salaire. Nous n'acceptons pas d'être ballottés d'un suivi mensuel obligatoire à un stage de coaching imposé, nous n'acceptons ni d'être les variables d'ajustement du marché du travail, ni celle du marché de l'insertion. Et surtout, nous ne le voulons pour personne. La précarité ne nous a pas rendus serviles. Dans ces conditions, il nous paraît naturel de venir à votre rencontre, vous qui, une nouvelle fois, affirmez votre refus du management néolibéral de Pôle Emploi. Nous sommes attentifs à vos luttes depuis un an contre la fusion ANPE-ASSEDIC telle qu'elle s'est faite, contre les PST, contre l'intensification des cadences et le rôle de strict contrôleur qu'on veut vous voir jouer. Certains parmi vous nous ont appris combien la direction de Pôle Emploi était mise en difficulté par vos résistances syndicales et par l'attitude de nombreux conseillers qui refusent d'appliquer à la lettre le suivi mensuel et l'offre raisonnable d'emploi, cherchant à tout prix à éviter désinscriptions et radiations. Pourtant, aujourd'hui, il est nécessaire d'aller plus loin. Les collectifs et organisations ayant organisé les États Généraux du chômage et de la précarité vont être, à partir de la fin novembre, à l'initiative de marches de chômeurs convergeant le 5 décembre en une manifestation à Paris. Dans une dizaine de villes, des collectifs comme le nôtre envisagent des actions coordonnées chaque fin de mois contre Pôle Emploi ; les démarches d'accompagnement des chômeurs par les collectifs pour débloquer les dossiers et défendre ce qui reste de droits des allocataires, se multiplient. Vous le savez, seule l'intervention sur la scène publique des usagers de Pôle Emploi peut vous permettre d'obtenir gain de cause dans la défense de votre métier. De la même façon, nous avons besoin que vous vous manifestiez à nos côtés, pour briser chez un certain nombre de précaires l'image du conseiller voyant en chaque chômeur un fraudeur en puissance et ne se mobilisant que pour ses intérêts catégoriels. Bref, nous avons besoin que vous vous manifestiez publiquement comme nos égaux. Pour nous, il ne fait aucun doute que nos luttes convergent. Mais cela ne peut pas suffire, ni être à la hauteur de la catastrophe sociale et morale actuelle. Pour un certain nombre d'entre vous, par delà les mobilisations ponctuelles qui donnent un peu d'énergie, la question cruciale demeure certainement la suivante: vais-je continuer de travailler pour Pôle Emploi, ou vais-je démissionner ? La récente vague de suicides à France Télécom montre bien combien cette alternative est une impasse, ces salariés manifestant par leur geste qu'ils ne peuvent pas plus rester que partir. Il n'y a pas d'autre choix, si vous souhaitez réellement défendre une idée positive de votre métier, que d'amplifier la désobéissance à l'égard de la « Boutique » Pôle Emploi dont nous sommes, vous salariés et nous usagers, les coproducteurs, tenus séparés par un appareil d'État investi par une machine de guerre néolibérale. Nous devons pouvoir prendre la parole et lutter ensemble pour ce que nous voulons: un service public de l'emploi qui informe les précaires sur leurs droits et les accompagne, selon leurs besoins et attentes, dans leurs démarches et projets. Les suicides chez France Télécom, le climat délétère qui règne à Pôle Emploi, la lassitude, le désespoir et la colère de nombreux chômeurs (qui parfois se retournent contre vous), sont les symptômes d'une urgence politique à ouvrir un coin d'espérance dans l'horizon bouché des restructurations libérales irresponsables dont la fusion constitue un exemple accablant. Nous avons besoin de crever ensemble la chape de silence qui entoure Pôle Emploi, la culture du secret qui y règne. Nous avons besoin que vous nous fassiez connaître tous les cas de radiations que vous n'avez pas pu empêcher, que vous signaliez aux chômeurs l'existence des collectifs qui défendent leurs droits, que vous nous fassiez parvenir outes les circulaires, les décrets régissant ou qui vont régir prochainement nos situations, sur lesquels nos dirigeants se gardent bien de communiquer. De notre côté, nous sommes ouverts à toutes les propositions de coopération et d'action qui vous paraîtraient pertinentes. Aujourd'hui, il faut matérialiser un espace de rencontre, de communication et d'action commune, en plus, et à côté des organisations syndicales. Nous ne nous adressons pas qu'aux plus « militants » d'entre vous, qui sont déjà débordés par leurs mandats, mais également à tous ceux, syndiqués ou non, qui pensent qu'on ne peut pas faire l'économie d'une telle coordination, pour peu qu'on prétende provoquer une rupture, un coup d'arrêt de la machine. Nous sommes à vos côtés aujourd'hui et le serons à chaque fois que vous affirmerez, comme aujourd'hui, votre dissidence à l'égard d'une institution qui s'est retournée contre nous tous. Nous vous invitons d'ores et déjà à venir à nos réunions dans le cadre du Collectif Droits nouveaux tous les mercredis à 18H à la Bourse du travail 3 rue du Château d’Eau, et à nous contacter sur : agdesprecaires@gmail.com SALARIES DE P ÔLE EMPLOI 100% INSATISFAITS ! Toulouse, le 09 Novembre 2010 Madame, Monsieur, usagers du Pôle Emploi. Une enquête de satisfaction sur les services de Pôle Emploi vient d’être publiée dans la presse. Cette étude révèle un taux de satisfaction des usagers du Pôle Emploi globalement satisfaisant. Les résultats de cette pseudo enquête nous interpellent, en regard de ce que nous vivons tous les jours dans nos agences : Personnels non formés, précarité, charge de travail incompatible avec un service de qualité, organisation diminuant le personnel directement en contact avec les usagers, mise en place de services facilement sous-traitables un jour prochain, 3949 facturé, demandeurs d’emploi et employeurs perdus face au fonctionnement de cette institution etc. etc. A ces conditions déjà inacceptables s’ajoute le projet de loi de finances 2011 diminuant de 1800 postes, les effectifs de Pôle Emploi ! Conséquence : il nous sera encore un peu plus difficile de vous rendre le service que vous êtes en droit d’attendre. CA NE PEUT PLUS DURER ! Afin d’être en capacité de rendre les missions qui leur ont été confiées par la création de Pole-Emploi : indemniser, accompagner, orienter, aujourd’hui, en Midi Pyrénées, mais aussi partout en France, les agents de Pôle Emploi sont en grève et exigent : - Une embauche massive de personnel en CDI. - De réelles formations afin d’être en capacité d’exercer nos métiers. - Des moyens et une organisation nous permettant d’assurer nos missions dans les agences sans avoir recours à de la sous-traitance. - Des conditions de travail dignes de nos missions. Nous sommes certains de votre compréhension et nous demandons votre soutien. Nos effectifs et la possibilité d’exercer nos missions sont le gage d’un service rendu de qualité pour tous.  SALARIES ET CHÔMEURS – PRECAIRES, ENSEMBLE CONTRE LA DERIVE INFERNALE DE PÔLE EMPLOI ! Les suicides et tentatives de suicide se multiplient à Pôle Emploi : de la part des salariés, plusieurs tentatives à Argenteuil, Villejuif, Noisy-le-Grand, et de la part des chômeurs, ce dont les médias évitent scrupuleusement de parler, comme le suicide récent d’un demandeur d’emploi sur le parking de Pôle emploi à Château Gonthier. LA MACHINE PÔLE EMPLOI EST INFERNALE et broie ses salariés et ses usagers. La fusion ASSEDIC-ANPE imposée à marches forcées entraîne à Pôle Emploi la même désorganisation des métiers et savoirs professionnels, la même casse des collectifs de travail par la moulinette des logiques de gestion et de management qu’à France Télécom avec les mêmes conséquences à terme. Par ailleurs, les agents, le voudraient-ils, ne peuvent plus faire un travail correct d’accompagnement des chômeurs et d’information sur leurs droits. La direction les presse de sanctionner et de fliquer en permanence (offre raisonnable d’emploi et logiciel oblige !) et promeut des pratiques malsaines de dénonciation des sans-papiers. Les chômeurs et précaires doivent faire face à des radiations, des indus et des retards de paiements, au refus de formation, à l’obligation de faire du zèle et à paraître motivés. De plus en plus d’entre eux sont adressés à des boites privées de sous-traitance subventionnées par Pôle Emploi où les pires méthodes de coaching leur sont imposées lors de « suivis intensifs ». Les droits collectifs sont ignorés (à titre d’exemple, les panneaux d’information sur les associations de chômeurs ont quasiment disparu, et presqu’aucune information n’est faite sur la prime exceptionnelle de 500 euros !). Nous, chômeurs et salariés refusons cette spirale infernale, qui nous broie tour à tour des deux côtés du guichet. · Nous exigeons l’arrêt de la mise en place des sites mixtes, de l’accueil commun et de l’entretien unique ; Le maintien de chaque salarié de Pôle emploi sur son métier et dans son collectif de travail ; · La fin du 39-49 · Le rétablissement d’un accueil optionnel, personnalisé et humain, et d’un accompagnement non contraint vers un emploi ou une formation librement choisis · Des durées convenables d’entretien · La fin de l’accompagnement par des opérateurs privés · L’arrêt de toutes les radiations et l’interdiction des indus ; · L’accès à toute l’information sur leurs droits pour les chômeurs. · Le retour à un véritable service public de l’emploi, avec toutes les garanties pour les agents et pour les usagers. . Un emploi convenable ou un revenu correct pour tous avec ou sans emploi. ________________ Blocage Pôle Emploi "Caen-Centre", rue Fred Scamaroni, le 8 Octobre 2009. Photos : Germain de Colandon. |