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(Photo : inconnu)
Ouèche, c’est moi Mouloud ! Ben ouais ça fait longtemps, mais y s’en est passé des choses depuis la dernière fois ! J’vais pas vous en r’causer vu qu’vous z’êtes tous les jours sur le Ouèbe, et qu’y paraît que vous z’êtes de plus en plus nombreux à v’nir nous voir. J’vais plutôt vous causer du boxon qu’on a foutu avec Luc de Normandie et tout ça, Germain de Colandon et encore tout ça, y’a pas longtemps à la Mairie de Caen et après.
Y’avait un vernissage, comme y disent, d’un grand peintre qui peint des peintures pleines de peinture tout partout et mêm’ qu’ça vous colle aux doigts vu qu’c’est pas encore séché. Grave ! Moi, quand j’termine pas mon boulot, j’m’fais gueuler d’ssus, wou’Allah putain ma grand-mère ! Bon, avec Luc de Normandie j’faisais semblant d’m’intéresser aux trucs, pis j’zieutais Germain de Colandon… qui r’gardait mêm’ pas les tableaux encore mouillés. Non, y matait c’qu’y avait à claper et à pichtaver au buffet où y’avait plein de pingouins en smokinge qui vous rodavaient avec un air de teckel à qui on aurait fouraillé une saucisse dans le trou d’balle !
Arrive le Maire avec une plombe de retard. J’vous dis pas l’état de Germain de Colandon. Le Maire se met à tchatcher, tchatcher, tchatcher… pendant une aut'plombe. Ouf, ça s’termine enfin. Tout le monde tape dans ses pognes. On s’aperçoit que Germain de Colandon a disparu. On s’approche de la table et… wou’Allah ! Vlà que j’me casse la chetron par terre. Savez pourquoi ? Germain de Colandon était sous la table avec un tas de saucisses, des canapés, des pt’its fours et au moins 10 bouteilles de vin blanc et de vin rouge. Luc de Normandie n’était pas jouasse du tout. Parce que Germain de Colandon avait une sacrée avance sur lui. Arf, arf, arf, la crise ! Et après, y m’disent qu’ils veulent m’apprendre les bonnes manières ! Du coup, moi et Luc de Normandie, on est allés retrouver sous la table Germain de Colandon, et on a tout bouffé pendant que les autres taches y comprenaient pas pourquoi y’avait plus rien à becqueter dans la baraque. Arf, arf, arf !
Mais bon vlà les keufs de la ville qui nous disent de nous tirer pendant que le Maire il était pas content du tout après Luc de Normandie qu’il connaît bien. « Vous, un futur Prix Label ou Nobel ou Bab el Oued de la Littérature », j’ai pas bien compris c’qu'y disait le papy, « vous ne vous montrez pas sous votre meilleur jour ! » qu’il lui balance dans la chetron. Luc de Normandie allait lui dire un truc, mais Germain de Colandon l’ouvre à sa place en lui calant dans les gencives : « moi, à votre place, j’irai plutôt regarder s’il reste encore un Socialiste dans ce bled ! » Arf, arf, arf , ce qu’il est rigolo Germain de Colandon ! »
Alors, on s’casse de là, mais avant de partir, Germain de Colandon, rien que pour s’embrouiller encore plus avec le Maire, il décroche les rideaux du salon d’à côté. « Voyons, Germain qu’est-ce qu’il vous prend » fait Luc de Normandie. « T’inquiète Huguette », lui répond Germain de Colandon, « ça fait longtemps que je lorgne ces rideaux qui iront à merveille pour remplacer ceux de mes cabinets au fond du jardin, et le surplus, je m’en servirai pour le panier du chien. Et pendant qu’on y est, Mouloud, tu fonces aux toilettes et tu démontes le lavabo, c’est de la très belle faïence, ça fera chouette dans ma salle de bains. Au passage, pique la chasse d’eau, la mienne présente de graves signes de défaillances invétérés et irréversibles ! ». Comment qu’y cause quand même ! Souvent, j’entrave que dalle. « et là, hop, le lustre, tu me le décroches, ça fera pas mal dans mon salon de musique au-dessus du piano, et comme ça, je rentre dans mes impôts ! »
Quand qu'j’pense que tous les deux y disent que mes tepos y sont barges ! Mais c’est pas fini ! Après il a fallu rentrer à la taule. Alors là, on a fait fort. On s’est planté en plein milieu d'la rue, et on a arrêté un bus ! Le chauff’ y n’en rev’nait pas, arf, arf, arf ! Luc de Normandie, non plus. Germain de Colandon, qui s’était foutu les rideaux sur la teté et qu’ça trainait partout par terre comme une robe de mariée, lui dit : « hé, fait pas ton timoré mon joli, sinon on repeint ton bus aux couleurs du parti Socialiste ! » Arf, arf, arf ! Ben l’chauff’, y rigolait pas du tout, et y voulait pas qu’on monte. Alors Germain de Colandon, y m’fait : « Mouloud, lâche ta chasse d’eau et mord-le ! » Là, le gonze il a failli faire dans son froc, et on est montés, arf, arf, arf ! C’qu’on s’est bidonnés. Luc de Normandie avec le lavabo dans ses paluches, y dira pas le contraire. Mine de rien, c’est un pinson sans rire, ou un truc de c’genre là.
Après, gros délire à mort. Germain de Colandon qui accroche les rideaux sur le pare-brise du bus, alors qu’on fonçait comme des maboules en faisant plein de zigzags, arf, arf, arf ! Et paf, le bus qui s’renverse et les gonzes qu’étaient à l’intérieur qui commencent à pousser des cris de frangines, même les keums dis donc ! Et là, la chasse d’eau et le lavabo qui pètent en mille morceaux, le bus qui s'met à cramer, avec les rideaux dedans. Arf, arf, arf ! Hé, j’vous rasssure, y’a pas eu de morts, y z’étaient tous vivants. La preuve, faut voir comment qu’ça gueulait ! WouAllah, putain ma grand-mère ! Heureusement qu’on est tous des sportifs, et qu’on s’est carapatés à temps, parc’ que sinon, y nous arrachaient la gueule tous ces charlots ! Une fois, bien chez nous, Germain de Colandon, y fait à Luc de Normandie et à moi : « allez-vous enfin me croire, quand je vous rabâche que les transports en commun dans cette ville sont loin d’être sûrs ? Tous ces voyous, ces bandits, ces chauffeurs à la manque ! Quel scandale ! Je me plaindrai auprès de la Ligue des Droits de l’homme ! Et auprès d’Amnisty International, et toc ! Foi de Germain de Colandon ! »
Y’a pas à dire, y cause bien. La preuve, grâce à tous les deux, j’fais plein de progrès en céfran tous les jours. Bon, j'me casse, y m'ont demandé d'aller chouraver au moins dix tapis à la Mairie avant c'soir. Hasta la vista les Keums !
Mouloud
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