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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 18:47

"C'est mon opinion et je la partage " Henri Monnier

http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/

Il est étrange, pour ne pas dire qu'il est étrange, encore que l'on pourrait dire qu'il est étrange, qu'il est très difficile de glaner, pour ne pas dire qu'il est très difficile
- et on pourrait pousser jusqu'à soutenir qu'il est très difficile de glaner (sur le Net) - quelque information sur "les Femmes en Noir", alors que l'ensemble des requêtes - avec plus ou moins de bonheur - se fait sans rencontrer trop de difficultés. Nous vous invitons, avant d'aller plus loin, à cliquer sur ce lien pour en savoir davantage sur ces curieuses bonnes femmes.

http://www.evrypalestine.org/fichiers/femmes_en_noir_de_caen.pdf


 


Et enfin, la Rédaction du "Caennais déchaîné" vous invite à visiter un affreux site - parmi tant d'autres ! - qui diffuse cette liste non exhaustive :


http://camarade.over-blog.org/article-26362841.html



http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/

 

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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 18:37

« Le Prince n’a plus d’autre soutien que la peur qu’il inspire, quand sa vue n’excite plus dans le peuple que la haine et le mépris. » Julien COUPAT

http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/

brazil_1984_reference.jpg

                              
           En préambule à l’entrevue parue dans « Le Monde », le 26 Mai dernier - animée par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot - de Julien Coupat, mis en examen pour « terrorisme » le 15 novembre 2008 avec huit autres personnes, nous reproduisons un commentaire d’Hervé.

 

De son côté, la Rédaction du « Caennais déchaîné » considère que Monsieur Julien Coupat fait partie intégrante des « éveillés ». NDLR


--------------------------------------------------------------------------------------

 

Bonjour,

Je vous écris rarement dans [air] ces derniers temps, pour des
raisons tant personnelles que politiques (j'ai du mal à voir
venir la montée d'un ordre autoritaire et inégalitaire
d'une main et l'absence du désir d'y résister de l'autre).

Mais je fais une exception maintenant pour vous retransmettre
l'interview que Julien Coupat vient
de donner par écrit au journal Le Monde.

Je le fais pour au moins quatre raisons :

- vous allez en entendre parler dans les heures qui viennent,
  si ce n'est déjà fait, et compte tenu de la teneur et du
  style de ce texte, on pressent déjà les déformations
  médiatiques qui vont l'accompagner. Autant que vous ayez
  l'original pour vous faire votre opinion

- le texte (une interview par écrit, dont on peut donc penser
  qu'elle émane vraiment de Julien Coupat) est d'un style
  flamboyant. Mes lecteurs savent combien j'apprécie. Il est
  parfois dur à suivre, car c'est un texte de haute pensée. Un
  véritable travail d'intellectuel qui a pris le soin de
  refuser la prose académique. Un texte qui fera date, car
  voir une telle analyse dans un journal reste une opération
  très rare. Un éditorial sous la forme d'une interview dont
  on reparlera quand le voile de fumée, d'apesanteur,
  d'impuissance qui est tissé aujourd'hui autour de l'état
  réel du monde sera dissipé... par la force même de la
  brutalité qui fait aujourd'hui litière y compris des "libertés
  formelles" et de l'Etat de droit.

- le regard, porté depuis l'autre côté des murs de la prison
  nous renvoie avec acuité la sensation de cette même extension
  de la prison par delà tous les murs. Quand nous manifestions
  avec les chômeurs et les déclassés dans les années 90, nous
  disions bien que c'est au travers de ce que les médias
  continuaient à appeler les "exclus" que se dessinait le centre
  de la société précaire. C'est aujourd'hui tellement évident.
  Quand Julien Coupat dit que c'est de l'enfermement que vient
  la conscience des prisons qui ont d'ores et déjà ligoté les
  hommes et les femmes de nos sociétés gavées de shit et de
  neuroleptiques, il parle déjà de ce qui sera évident demain.

- enfin, la démonstration de la fable de "l'anti-terrorisme"
  comme modèle du droit de dire ce que les tenants de l'ordre
  veulent qu'il soit dit en dehors de l'Etat de droit est
  imparable. Il n'est plus question de faits, de la règle
  fondamentale qui veut que l'on accuse à partir d'éléments
  matériels. Il suffit de désigner ! Comme au temps de la
  prison de la Bastille et son arbitraire. Mesurez l'extension
  mondiale de cette nouvelle forme de l'Etat autoritaire quand
  Obama veut instaurer l'emprisonnement sous soupçon.
  Revisitez vos vieux films de science-fiction. On y est ! Et ça
  pue vraiment.

Je n'avais pas encore lu "l'insurrection qui vient". J'avais un
peu peur du micmac médiatique. Si la réflexion, que je subodore
collective, et représentant un regard lucide, dont le désespoir
et la colère mêmes sont certainement la marque de la lucidité,
est du même tonneau, je cours l'acheter.

La police le trouvera dans ma bibliothèque.

Hervé

 

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Comment vivez-vous votre détention ?

 

Très bien merci. Tractions, course à pied, lecture.

 

Pouvez-nous nous rappeler les circonstances de votre arrestation ?

 

Une bande de jeunes cagoulés et armés jusqu'aux dents s'est introduite chez nous par effraction. Ils nous ont menacés, menottés, et emmenés non sans avoir préalablement tout fracassé. Ils nous ont enlevés à bord de puissants bolides roulant à plus de 170 km/h en moyenne sur les autoroutes. Dans leurs conversations, revenait souvent un certain M. Marion [ancien patron de la police antiterroriste] dont les exploits virils les amusaient beaucoup comme celui consistant à gifler dans la bonne humeur un de ses collègues au beau milieu d'un pot de départ. Ils nous ont séquestrés pendant quatre jours dans une de leurs "prisons du peuple" en nous assommant de questions où l'absurde le disputait à l'obscène. Celui qui semblait être le cerveau de l'opération s'excusait vaguement de tout ce cirque expliquant que c'était de la faute des "services", là-haut, où s'agitaient toutes sortes de gens qui nous en voulaient beaucoup. A ce jour, mes ravisseurs courent toujours. Certains faits divers récents attesteraient même qu'ils continuent de sévir en toute impunité.

 

Les sabotages sur les caténaires SNCF en France ont été revendiqués en Allemagne. Qu'en dites-vous?

 

Au moment de notre arrestation, la police française est déjà en possession du communiqué qui revendique, outre les sabotages qu'elle voudrait nous attribuer, d'autres attaques survenues simultanément en Allemagne. Ce tract présente de nombreux inconvénients : il est posté depuis Hanovre, rédigé en allemand et envoyé à des journaux d'Outre Rhin exclusivement, mais surtout il ne cadre pas avec la fable médiatique sur notre compte, celle du petit noyau de fanatiques portant l'attaque au coeur de l'Etat en accrochant trois bouts de fer sur des caténaires. On aura, dès lors, bien soin de ne pas trop mentionner ce communiqué, ni dans la procédure, ni dans le mensonge public.

 

Il est vrai que le sabotage des lignes de train y perd beaucoup de son aura de mystère : il s'agissait simplement de protester contre le transport vers l'Allemagne par voie ferroviaire de déchets nucléaires ultraradioactifs et de dénoncer au passage la grande arnaque de "la crise". Le communiqué se conclut par un très SNCF "nous remercions les voyageurs des trains concernés de leur compréhension". Quel tact, tout de même, chez ces "terroristes" !

 

Vous reconnaissez-vous dans les qualifications de "mouvance anarcho-autonome" et d'"ultragauche"?

 

Laissez-moi reprendre d'un peu haut. Nous vivons actuellement, en France, la fin d'une période de gel historique dont l'acte fondateur fut l'accord passé entre gaullistes et staliniens en 1945 pour désarmer le peuple sous prétexte d'"éviter une guerre civile". Les termes de ce pacte pourraient se formuler ainsi pour faire vite : tandis que la droite renonçait à ses accents ouvertement fascistes, la gauche abandonnait entre soi toute perspective sérieuse de révolution. L'avantage dont joue et jouit, depuis quatre ans, la clique sarkozyste, est d'avoir pris l'initiative, unilatéralement, de rompre ce pacte en renouant "sans complexe" avec les classiques de la réaction pure – sur les fous, la religion, l'Occident, l'Afrique, le travail, l'histoire de France, ou l'identité nationale.

 

Face à ce pouvoir en guerre qui ose penser stratégiquement et partager le monde en amis, ennemis et quantités négligeables, la gauche reste tétanisée. Elle est trop lâche, trop compromise, et pour tout dire, trop discréditée pour opposer la moindre résistance à un pouvoir qu'elle n'ose pas, elle, traiter en ennemi et qui lui ravit un à un les plus malins d'entre ses éléments. Quant à l'extrême gauche à-la-Besancenot, quels que soient ses scores électoraux, et même sortie de l'état groupusculaire où elle végète depuis toujours, elle n'a pas de perspective plus désirable à offrir que la grisaille soviétique à peine retouchée sur Photoshop. Son destin est de décevoir.

 

Dans la sphère de la représentation politique, le pouvoir en place n'a donc rien à craindre, de personne. Et ce ne sont certainement pas les bureaucraties syndicales, plus vendues que jamais, qui vont l'importuner, elles qui depuis deux ans dansent avec le gouvernement un ballet si obscène. Dans ces conditions, la seule force qui soit à même de faire pièce au gang sarkozyste, son seul ennemi réel dans ce pays, c'est la rue, la rue et ses vieux penchants révolutionnaires. Elle seule, en fait, dans les émeutes qui ont suivi le second tour du rituel plébiscitaire de mai 2007, a su se hisser un instant à la hauteur de la situation. Elle seule, aux Antilles ou dans les récentes occupations d'entreprises ou de facs, a su faire entendre une autre parole.

 

Cette analyse sommaire du théâtre des opérations a dû s'imposer assez tôt puisque les renseignements généraux faisaient paraître dès juin 2007, sous la plume de journalistes aux ordres (et notamment dans Le Monde) les premiers articles dévoilant le terrible péril que feraient peser sur toute vie sociale les "anarcho-autonomes". On leur prêtait, pour commencer, l'organisation des émeutes spontanées, qui ont, dans tant de villes, salué le "triomphe électoral" du nouveau président.

 

Avec cette fable des "anarcho-autonomes", on a dessiné le profil de la menace auquel la ministre de l'intérieur s'est docilement employée, d'arrestations ciblées en rafles médiatiques, à donner un peu de chair et quelques visages. Quand on ne parvient plus à contenir ce qui déborde, on peut encore lui assigner une case et l'y incarcérer. Or celle de "casseur" où se croisent désormais pêle-mêle les ouvriers de Clairoix, les gamins de cités, les étudiants bloqueurs et les manifestants des contre sommets, certes toujours efficace dans la gestion courante de la pacification sociale, permet de criminaliser des actes, non des existences. Et il est bien dans l'intention du nouveau pouvoir de s'attaquer à l'ennemi, en tant que tel, sans attendre qu'il s'exprime. Telle est la vocation des nouvelles catégories de la répression.

 

Il importe peu, finalement, qu'il ne se trouve personne en France pour se reconnaître "anarcho-autonome" ni que l'ultra-gauche soit un courant politique qui eut son heure de gloire dans les années 1920 et qui n'a, par la suite, jamais produit autre chose que d'inoffensifs volumes de marxologie. Au reste, la récente fortune du terme "ultragauche" qui a permis à certains journalistes pressés de cataloguer sans coup férir les émeutiers grecs de décembre dernier doit beaucoup au fait que nul ne sache ce que fut l'ultragauche, ni même qu'elle ait jamais existé.

 

A ce point, et en prévision des débordements qui ne peuvent que se systématiser face aux provocations d'une oligarchie mondiale et française aux abois, l'utilité policière de ces catégories ne devrait bientôt plus souffrir de débats. On ne saurait prédire, cependant, lequel d'"anarchoautonome" ou d'"ultragauche" emportera finalement les faveurs du Spectacle, afin de reléguer dans l'inexplicable une révolte que tout justifie.

 

La police vous considère comme le chef d'un groupe sur le point de basculer dans le terrorisme. Qu'en pensez-vous?

 

Une si pathétique allégation ne peut être le fait que d'un régime sur le point de basculer dans le néant.

 

Que signifie pour vous le mot terrorisme?

 

Rien ne permet d'expliquer que le département algérien du renseignement et de la sécurité suspecté d'avoir orchestré, au su de la DST, la vague d'attentats de 1995 ne soit pas classé parmi les organisations terroristes internationales. Rien ne permet d'expliquer non plus la soudaine transmutation du "terroriste" en héros à la Libération, en partenaire fréquentable pour les accords d'Evian, en policier irakien ou en "taliban modéré" de nos jours, au gré des derniers revirements de la doctrine stratégique américaine.

 

Rien, sinon la souveraineté. Est souverain, en ce monde, qui désigne le terroriste. Qui refuse d'avoir part à cette souveraineté se gardera bien de répondre à votre question. Qui en convoitera quelques miettes s'exécutera avec promptitude. Qui n'étouffe pas de mauvaise foi trouvera un peu instructif le cas de ces deux ex – "terroristes" devenus l'un premier ministre d'Israël, l'autre président de l'Autorité palestinienne, et ayant tous deux reçus, pour comble, le Prix Nobel de la paix.

 

Le flou qui entoure la qualification de "terrorisme", l'impossibilité manifeste de le définir ne tiennent pas à quelque provisoire lacune de la législation française : ils sont au principe de cette chose que l'on peut, elle, très bien définir : l'antiterrorisme dont ils forment plutôt la condition de fonctionnement. L'antiterrorisme est une technique de gouvernement qui plonge ses racines dans le vieil art de la contre-insurrection, de la guerre dite "psychologique", pour rester poli.

 

L'antiterrorisme, contrairement à ce que voudrait insinuer le terme, n'est pas un moyen de lutter contre le terrorisme, c'est la méthode par quoi l'on produit, positivement, l'ennemi politique en tant que terroriste. Il s'agit, par tout un luxe de provocations, d'infiltrations, de surveillance, d'intimidation et de propagande, par toute une science de la manipulation médiatique, de l'"action psychologique", de la fabrication de preuves et de crimes, par la fusion aussi du policier et du judiciaire, d'anéantir la "menace subversive" en associant, au sein de la population, l'ennemi intérieur, l'ennemi politique à l'affect de la terreur.

 

L'essentiel, dans la guerre moderne, est cette "bataille des coeurs et des esprits" où tous les coups sont permis. Le procédé élémentaire, ici, est invariable : individuer l'ennemi afin de le couper du peuple et de la raison commune, l'exposer sous les atours du monstre, le diffamer, l'humilier publiquement, inciter les plus vils à l'accabler de leurs crachats, les encourager à la haine. "La loi doit être utilisée comme simplement une autre arme dans l'arsenal du gouvernement et dans ce cas ne représente rien de plus qu'une couverture de propagande pour se débarrasser de membres indésirables du public. Pour la meilleure efficacité, il conviendra que les activités des services judiciaires soient liées à l'effort de guerre de la façon la plus discrète possible", conseillait déjà, en 1971, le brigadier Frank Kitson [ancien général de l'armée britannique, théoricien de la guerre contre insurrectionnelle], qui en savait quelque chose.

 

Une fois n'est pas coutume, dans notre cas, l'antiterrorisme a fait un four. On n'est pas prêt, en France, à se laisser terroriser par nous. La prolongation de ma détention pour une durée "raisonnable" est une petite vengeance bien compréhensible au vu des moyens mobilisés, et de la profondeur de l'échec; comme est compréhensible l'acharnement un peu mesquin des "services", depuis le 11 novembre, à nous prêter par voie de presse les méfaits les plus fantasques, ou à filocher le moindre de nos camarades. Combien cette logique de représailles a d'emprise sur l'institution policière, et sur le petit coeur des juges, voilà ce qu'auront eu le mérite de révéler, ces derniers temps, les arrestations cadencées des "proches de Julien Coupat".

 

Il faut dire que certains jouent, dans cette affaire, un pan entier de leur lamentable carrière, comme Alain Bauer [criminologue], d'autres le lancement de leurs nouveaux services, comme le pauvre M. Squarcini [directeur central du renseignement intérieur], d'autres encore la crédibilité qu'ils n'ont jamais eue et qu'ils n'auront jamais, comme Michèle Alliot-Marie.

 

Vous êtes issu d'un milieu très aisé qui aurait pu vous orienter dans une autre direction…

 

"Il y a de la plèbe dans toutes les classes" (Hegel).

 

Pourquoi Tarnac ?

 

Allez-y, vous comprendrez. Si vous ne comprenez pas, nul ne pourra vous l'expliquer, je le crains.

 

Vous définissez-vous comme un intellectuel? Un philosophe ?

 

La philosophie naît comme deuil bavard de la sagesse originaire. Platon entend déjà la parole d'Héraclite comme échappée d'un monde révolu. A l'heure de l'intellectualité diffuse, on ne voit pas ce qui pourrait spécifier "l'intellectuel", sinon l'étendue du fossé qui sépare, chez lui, la faculté de penser de l'aptitude à vivre. Tristes titres, en vérité, que cela. Mais, pour qui, au juste, faudrait-il se définir ?

 

Etes-vous l'auteur du livre L'insurrection qui vient ?

 

C'est l'aspect le plus formidable de cette procédure : un livre versé intégralement au dossier d'instruction, des interrogatoires où l'on essaie de vous faire dire que vous vivez comme il est écrit dans L'insurrection qui vient, que vous manifestez comme le préconise L'insurrection qui vient, que vous sabotez des lignes de train pour commémorer le coup d'Etat bolchevique d'octobre 1917, puisqu'il est mentionné dans L'insurrection qui vient, un éditeur convoqué par les services antiterroristes.

 

De mémoire française, il ne s'était pas vu depuis bien longtemps que le pouvoir prenne peur à cause d'un livre. On avait plutôt coutume de considérer que, tant que les gauchistes étaient occupés à écrire, au moins ils ne faisaient pas la révolution. Les temps changent, assurément. Le sérieux historique revient.

 

Ce qui fonde l'accusation de terrorisme, nous concernant, c'est le soupçon de la coïncidence d'une pensée et d'une vie; ce qui fait l'association de malfaiteurs, c'est le soupçon que cette coïncidence ne serait pas laissée à l'héroïsme individuel, mais serait l'objet d'une attention commune. Négativement, cela signifie que l'on ne suspecte aucun de ceux qui signent de leur nom tant de farouches critiques du système en place de mettre en pratique la moindre de leurs fermes résolutions; l'injure est de taille. Malheureusement, je ne suis pas l'auteur de L'insurrection qui vient– et toute cette affaire devrait plutôt achever de nous convaincre du caractère essentiellement policier de la fonction auteur.

 

J'en suis, en revanche, un lecteur. Le relisant, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai mieux compris la hargne hystérique que l'on met, en haut lieu, à en pourchasser les auteurs présumés. Le scandale de ce livre, c'est que tout ce qui y figure est rigoureusement, catastrophiquement vrai, et ne cesse de s'avérer chaque jour un peu plus. Car ce qui s'avère, sous les dehors d'une "crise économique", d'un "effondrement de la confiance", d'un "rejet massif des classes dirigeantes", c'est bien la fin d'une civilisation, l'implosion d'un paradigme : celui du gouvernement, qui réglait tout en Occident – le rapport des êtres à eux-mêmes non moins que l'ordre politique, la religion ou l'organisation des entreprises. Il y a, à tous les échelons du présent, une gigantesque perte de maîtrise à quoi aucun maraboutage policier n'offrira de remède.

 

Ce n'est pas en nous transperçant de peines de prison, de surveillance tatillonne, de contrôles judiciaires, et d'interdictions de communiquer au motif que nous serions les auteurs de ce constat lucide, que l'on fera s'évanouir ce qui est constaté. Le propre des vérités est d'échapper, à peine énoncées, à ceux qui les formulent. Gouvernants, il ne vous aura servi de rien de nous assigner en justice, tout au contraire.

Vous lisez "Surveiller et punir" de Michel Foucault. Cette analyse vous paraît-elle encore pertinente?

 

 

Vous lisez "Surveiller et punir" de Michel Foucault. Cette analyse vous paraît-elle encore pertinente?

 

La prison est bien le sale petit secret de la société française, la clé, et non la marge des rapports sociaux les plus présentables. Ce qui se concentre ici en un tout compact, ce n'est pas un tas de barbares ensauvagés comme on se plaît à le faire croire, mais bien l'ensemble des disciplines qui trament, au-dehors, l'existence dite "normale". Surveillants, cantine, parties de foot dans la cour, emploi du temps, divisions, camaraderie, baston, laideur des architectures : il faut avoir séjourné en prison pour prendre la pleine mesure de ce que l'école, l'innocente école de la République, contient, par exemple, de carcéral.

 

Envisagée sous cet angle imprenable, ce n'est pas la prison qui serait un repaire pour les ratés de la société, mais la société présente qui fait l'effet d'une prison ratée. La même organisation de la séparation, la même administration de la misère par le shit, la télé, le sport, et le porno règne partout ailleurs avec certes moins de méthode. Pour finir, ces hauts murs ne dérobent aux regards que cette vérité d'une banalité explosive : ce sont des vies et des âmes en tout point semblables qui se traînent de part et d'autre des barbelés et à cause d'eux.

 

Si l'on traque avec tant d'avidité les témoignages "de l'intérieur" qui exposeraient enfin les secrets que la prison recèle, c'est pour mieux occulter le secret qu'elle est : celui de votre servitude, à vous qui êtes réputés libres tandis que sa menace pèse invisiblement sur chacun de vos gestes.

 

Toute l'indignation vertueuse qui entoure la noirceur des geôles françaises et leurs suicides à répétition, toute la grossière contre-propagande de l'administration pénitentiaire qui met en scène pour les caméras des matons dévoués au bien-être du détenu et des directeurs de tôle soucieux du "sens de la peine", bref : tout ce débat sur l'horreur de l'incarcération et la nécessaire humanisation de la détention est vieux comme la prison. Il fait même partie de son efficace, permettant de combiner la terreur qu'elle doit inspirer avec son hypocrite statut de châtiment "civilisé". Le petit système d'espionnage, d'humiliation et de ravage que l'Etat français dispose plus fanatiquement qu'aucun autre en Europe autour du détenu n'est même pas scandaleux. L'Etat le paie chaque jour au centuple dans ses banlieues, et ce n'est de toute évidence qu'un début : la vengeance est l'hygiène de la plèbe.

 

Mais la plus remarquable imposture du système judiciaro-pénitentiaire consiste certainement à prétendre qu'il serait là pour punir les criminels quand il ne fait que gérer les illégalismes. N'importe quel patron – et pas seulement celui de Total –, n'importe quel président de conseil général – et pas seulement celui des Hauts-de-Seine–, n'importe quel flic sait ce qu'il faut d'illégalismes pour exercer correctement son métier. Le chaos des lois est tel, de nos jours, que l'on fait bien de ne pas trop chercher à les faire respecter et les stups, eux aussi, font bien de seulement réguler le trafic, et non de le réprimer, ce qui serait socialement et politiquement suicidaire.

 

Le partage ne passe donc pas, comme le voudrait la fiction judiciaire, entre le légal et l'illégal, entre les innocents et les criminels, mais entre les criminels que l'on juge opportun de poursuivre et ceux qu'on laisse en paix comme le requiert la police générale de la société. La race des innocents est éteinte depuis longtemps, et la peine n'est pas à ce à quoi vous condamne la justice : la peine, c'est la justice elle-même, il n'est donc pas question pour mes camarades et moi de "clamer notre innocence", ainsi que la presse s'est rituellement laissée aller à l'écrire, mais de mettre en déroute l'hasardeuse offensive politique que constitue toute cette infecte procédure. Voilà quelques-unes des conclusions auxquelles l'esprit est porté à relire Surveiller et punir depuis la Santé. On ne saurait trop suggérer, au vu de ce que les Foucaliens font, depuis vingt ans, des travaux de Foucault, de les expédier en pension, quelque temps, par ici.

 

Comment analysez-vous ce qui vous arrive?

 

Détrompez-vous : ce qui nous arrive, à mes camarades et à moi, vous arrive aussi bien. C'est d'ailleurs, ici, la première mystification du pouvoir : neuf personnes seraient poursuivies dans le cadre d'une procédure judiciaire "d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", et devraient se sentir particulièrement concernées par cette grave accusation. Mais il n'y a pas d'"affaire de Tarnac" pas plus que d'"affaire Coupat", ou d'"affaire Hazan" [éditeur de L'insurrection qui vient]. Ce qu'il y a, c'est une oligarchie vacillante sous tous rapports, et qui devient féroce comme tout pouvoir devient féroce lorsqu'il se sent réellement menacé. Le Prince n'a plus d'autre soutien que la peur qu'il inspire quand sa vue n'excite plus dans le peuple que la haine et le mépris.

 

Ce qu'il y a, c'est, devant nous, une bifurcation, à la fois historique et métaphysique: soit nous passons d'un paradigme de gouvernement à un paradigme de l'habiter au prix d'une révolte cruelle mais bouleversante, soit nous laissons s'instaurer, à l'échelle planétaire, ce désastre climatisé où coexistent, sous la férule d'une gestion "décomplexée", une élite impériale de citoyens et des masses plébéiennes tenues en marge de tout. Il y a donc, bel et bien, une guerre, une guerre entre les bénéficiaires de la catastrophe et ceux qui se font de la vie une idée moins squelettique. Il ne s'est jamais vu qu'une classe dominante se suicide de bon coeur.

 

La révolte a des conditions, elle n'a pas de cause. Combien faut-il de ministères de l'Identité nationale, de licenciements à la mode Continental, de rafles de sans-papiers ou d'opposants politiques, de gamins bousillés par la police dans les banlieues, ou de ministres menaçant de priver de diplôme ceux qui osent encore occuper leur fac, pour décider qu'un tel régime, même installé par un plébiscite aux apparences démocratiques, n'a aucun titre à exister et mérite seulement d'être mis à bas ? C'est une affaire de sensibilité.

 

La servitude est l'intolérable qui peut être infiniment tolérée. Parce que c'est une affaire de sensibilité et que cette sensibilité-là est immédiatement politique (non en ce qu'elle se demande "pour qui vais-je voter ?", mais "mon existence est-elle compatible avec cela ?"), c'est pour le pouvoir une question d'anesthésie à quoi il répond par l'administration de doses sans cesse plus massives de divertissement, de peur et de bêtise. Et là où l'anesthésie n'opère plus, cet ordre qui a réuni contre lui toutes les raisons de se révolter tente de nous en dissuader par une petite terreur ajustée.

 

Nous ne sommes, mes camarades et moi, qu'une variable de cet ajustement-là. On nous suspecte comme tant d'autres, comme tant de "jeunes", comme tant de "bandes", de nous désolidariser d'un monde qui s'effondre. Sur ce seul point, on ne ment pas. Heureusement, le ramassis d'escrocs, d'imposteurs, d'industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l'heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu'ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle "victoire" dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manoeuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d'autres termes : la situation est excellente. Ce n'est pas le moment de perdre courage.

   

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/25/julien-coupat-la-prolongation-de-ma-detention-est-unepetite-vengeance_1197456_3224.html


  http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 13:05

http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/


« Les masses ne se révoltent jamais de leur propre mouvement, et elles ne se révoltent jamais par le seul fait qu’elles soient opprimées. Aussi longtemps qu’elles n’ont pas d’élément de comparaison, elles ne se rendent jamais compte qu’elles sont opprimées. »
George Orwell


« Société de surveillance, vie privée et Libertés »


M
ercredi 17 juin 2009 à 20 heures


La Part du Colibri

Maison des solidarités Internationales

51 quai de juillet - CAEN


A
vec la participation d’un philosophe, d’un informaticien et de citoyens vigilants


Les sections de CAEN et d’HEROUVILLE-SAINT-CLAIR de la Ligue des droits de l’Homme, organisent ce débat sur la société de surveillance, thème central du 85ième congrès de la L.D.H. qui s’est tenu fin mai 2009.

Nous vivons dans un monde de surveillance, chacun de nous est tracé au moins une bonne dizaine de fois quotidiennement : puces, caméras, bases de données, fichiers, logiciels d'analyse comportementale...

La mise en place de dispositifs de surveillance est souvent présentée comme une mesure technique destinée à garantir une sécurité toujours plus grande de l'espace public. 

Ce discours, dominé par l'expertise relève en vérité d'une nouvelle organisation du pouvoir, où le voir - ce qui est vu, ce qui peut être montré, ce qui se laisse voir et ce qu'on ne saurait voir - occupe une dimension centrale : c'est toute une économie du visible et de l'invisible qui se joue ici, de façon infiniment spéculaire, entre ces deux pôles qui sont le panoptique * et la société du spectacle.

Ce café des droits sur le thème de la société de surveillance nous donnera l'occasion de penser leur articulation dans ce que G. DELEUZE a nommé la  "société de contrôle". 


Outre que les dispositifs de surveillance pénètrent les espaces privés, leurs mises en scène spectaculaires contribuent à brouiller la distinction entre le domaine public et le domaine privé et à substituer partout la morale au droit.


L'effet de ce brouillage est la production d’un contrôle non seulement social, mais aussi individuel au moyen de l'intériorisation de la transcendance de normes devenues dès lors indiscutables.


Des fichiers informatiques, des réseaux Internet, des puces R.F.I.D. microscopiques, des caméras dans tous les coins de rue, tout cela reste un peu « irréel » pour le commun des mortels. Mais dans la réalité cela se concrétise comment ? 


La défense des libertés appelle plus que jamais à la vigilance citoyenne et à un large débat démocratique. La L.D.H. entend contribuer au développement de cette prise de conscience et de l’intervention citoyenne, refusant que des avancées scientifiques soient détournées par les tenants du contrôle social, du conditionnement des consommateurs ou de l’idéologie sécuritaire.

                                                               
                                                                 
Serge KROICHVILI

                                                                 Président section LDH 

                                                                           Caen

                                                                           06.80.25.25.74.

  

Ligue des Droits de l'Homme - Section de Caen  

51 Quai de Juillet 14000 CAEN

 

 

* Panoptique : Type d’architecture carcérale, imaginé par Jérémy Bentham, auteur cher à Luc de Normandie et à Michel Onfray. Son but est de permettre à un individu, logé dans une tour centrale, d'observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules individuelles autour de cette tour, sans que ceux-ci ne puissent s’en rendre compte. NDLR

 

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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 20:35

« Admettons que l’Histoire ne se répète pas, tout de même, il peut lui arriver de bégayer »  Luc de Normandie


(Photo : Warhammer-Battle-March)



 
A méditer, contredire, confirmer, infirmer :


Lien :
 http://reopen911.wordpress.com/2008/03/24/%E2%80%9Ccamps-de-concentration%E2%80%9D-aux-usa-et-si-c%E2%80%99etait-normal/

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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 20:30

«  Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille
Car les petits enfants ont faim »
Victor Hugo

 

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(Warhammer-Mark-of-Chaos-Battle-March)


Gérald Celente, l’homme qui a prédit le krach boursier de 1987, de même que la chute de l'Union Soviétique, prévoit maintenant une révolution aux Etats-Unis, de même que des émeutes de la faim, des rébellions contre les impôts, le tout, d’ici 4 ans, en soulignant que vers 2012, avoir de la nourriture sur la table sera une préoccupation beaucoup plus importante que l'achat de cadeaux de Noël.

Gérald Celente, Président Directeur Général du « Trends Research Institute, » est renommé pour l’exactitude de ses prévisions concernant l'avenir du monde et des événements économiques. Des prévisions à prendre très au sérieux si l’on adhère à ce qu’il a déclaré sur le réseau de télévision « Fox News. »

Les États-Unis deviendront vers 2012 une nation sous-développée. Il y aura une révolution qui se traduira par des émeutes de la faim, des rébellions de squatters, des révoltes contre les impôts, et des manifestations pour l'emploi, en ajoutant aussi que la période des fêtes consistera à se pourvoir en nourriture plutôt qu’en cadeaux.

« Nous assisterons à la fin de la fête commerciale de Noël .... Nous subirons un changement fondamental .... Avoir de la nourriture sur la table sera plus important que d’avoir des cadeaux sous l'arbre de Noël, » a déclaré Celente, en ajoutant que la situation serait « pire que la Grande Dépression. »

« Les États-Unis passeront par une période de transition, une période à travers laquelle aucune personne n’est préparée, » a-t-il déclaré en soulignant que les gens qui refusent de croire que les États-Unis sont présentement en récession, confirme le fossé qui permet de réaliser à quel point ils ne sont pas prêts à affronter l’ampleur véritable de la crise.

Gérald Celente, qui avait prédit la crise monétaire asiatique de 1997, de même que l'effondrement des prêts hypothécaires de catégorie « subprime », ainsi que l’importante dévaluation du dollar US, a encore déclaré en novembre 2007 à United Press International, que l'année 2008 passerait à la postérité sous le nom de « La Panique de 2008, » en assénant que des « géants tomberaient raides mort, » ce qui est très exactement ce à quoi nous avons assisté avec l'effondrement de Lehman Brothers, Bear Stearns et tant d'autres. Il avait alors également déclaré que le dollar se dévaluerait à près de 90 pour cent.

« Ce qui s’est produit cette année engendrera une diminution du niveau de vie », une réalité également corroborée par la chute des ventes au détail.

La perspective de la révolution est un concept qui sera repris dans un rapport publié par le ministère Britannique de la Défense, et dans lequel il était prévu que d'ici 30 ans, l'écart croissant entre les très riches et la classe moyenne, conjugué à une sous-classe urbaine menaçant l'ordre social, signifierait que « Les classes moyennes du monde pourraient s’unir en utilisant l’accès aux connaissances, aux ressources, et les compétences nécessaires dans le façonnement des processus transnationaux, ce, dans l’intérêt de leur propre classe, » et que, « Les classes moyennes pourraient devenir une classe révolutionnaire. »

Dans une autre entrevue, Gérald Celente se livre un peu plus à propos de la révolution aux États-Unis.

« Il y aura une révolution dans ce pays. Cela ne se produira pas demain matin, mais ça arrivera et nous allons voir un troisième parti politique se former, et les événement qui vont se produire seront les catalyseurs  de la ‘‘main mise’’ par Wall Sttreet sur Washington, au su et au vu et en plein jour, sans coup d'État et sans effusion de sang. Cela se produira alors que les conditions continueront de s'aggraver, » a-t-il dit.

« La première chose à faire est de s’organiser autour des révoltes contre les impôts. Ce sera le catalyseur, car les gens ne peuvent plus payer pour les taxes scolaires, les taxes foncières et toutes les autres formes d’impôt. Vous allez voir ce genre de protestations commencer à se développer. »

« Ce sera terrible, déplorable. Et il y aura beaucoup de sans-abri, de gens tels que nous n’en aurons jamais vu auparavant. Il y en a déjà beaucoup dans une trentaine de villes de notre pays (Etats-Unis) et nous allons en voir encore beaucoup plus. »

« Nous allons commencer à voir de grandes régions où les maisons en vente seront occupées par des squatters. Ce sera une situation que les états-uniens n’avaient jamais connue, il y aura un comme un grand choc. Suite à celui-ci, il y aura beaucoup de criminalité. Cette dernière sera bien pire que celle de la Dépression de 1929, car la population n’était pas contaminée par les médicaments modernes, par les drogues, ou par le crystal meth. Par conséquent, vous vous retrouverez avec une grande proportion de la population désespérée avec l’esprit chimiquement survolté au-delà de toute compréhension humaine. »

Paul Joseph Watson (13 novembre 2008)


(Texte traduit par Eddie Torial)


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